Économie

Loi de l’offre et de la demande : comprendre le mécanisme clé du marché
24 juin 2025
Courbe de l'offre et de la demande - small

Pourquoi les prix augmentent-ils ou baissent-ils ? Pourquoi un bien devient-il soudainement plus demandé ou plus rare ? La réponse à ces questions repose sur un principe fondamental de l’analyse économique : la loi de l’offre et de la demande. C’est elle qui gouverne la formation des prix, l’allocation des ressources et l’équilibre des marchés.

Comprendre cette loi, c’est poser la première pierre d’une vision claire de l’activité économique.

Qu’est-ce qu’un marché ?

Avant d’aborder la dynamique de l’offre et de la demande, il est essentiel de comprendre le cadre dans lequel ces deux forces interagissent : le marché.

Un marché désigne un lieu de rencontre – physique ou virtuel – entre des participants appelés agents économiques (ménages, entreprises, investisseurs, etc.) qui s’y échangent des biens, des services, du travail ou encore des actifs financiers.

On distingue généralement cinq grands types de marché selon la nature de ce qui s’y échange :

  • Le marché des biens et services, où entreprises et administrations proposent des produits que les ménages consomment ;

  • Le marché du travail, où les ménages offrent leur force de travail que les entreprises achètent sous forme de salaires ;

  • Le marché financier, où s’échangent des titres comme les actions, les obligations ou des produits dérivés ;

  • Le marché monétaire, qui permet aux banques et institutions financières d’échanger des liquidités à court terme ;

  • Le marché des changes, où les devises s’achètent et se vendent (par exemple l’euro contre le dollar), selon les besoins des opérateurs économiques.

De manière plus générale, le marché peut être vu comme une institution sociale abstraite qui rend possible l’échange. Son principe fondamental est de permettre aux acheteurs et aux vendeurs d’interagir librement, afin de déterminer un prix et une quantité d’échange pour chaque bien ou service.

Chaque marché possède ses propres règles et dynamiques, mais tous fonctionnent selon un mécanisme commun : la confrontation de l’offre et de la demande.

Définir l’offre et la demande

La demande représente la quantité d’un bien ou service qu’un acheteur est prêt à acquérir à un certain prix. En général, plus le prix augmente, moins les consommateurs sont enclins à acheter : la demande est donc une fonction décroissante du prix.

Graphiquement, on la représente par une courbe à pente négative. Plus cette pente est raide, moins les consommateurs ajustent leurs achats lorsque le prix varie. À l’inverse, une pente plus douce signifie qu’une variation de prix entraîne une modification plus marquée de la quantité demandée.

Courbe de la demande - prix et quantité

L’offre, à l’inverse, désigne la quantité qu’un producteur est disposé à vendre à un prix donné. Plus le prix de vente est élevé, plus il est incité à produire : l’offre est donc une fonction croissante du prix.

Elle se traduit graphiquement par une courbe à pente positive. Une pente forte indique que l’offreur modifie peu ses quantités malgré les variations de prix – souvent parce que ses capacités de production sont limitées à court terme. Une pente faible, au contraire, traduit une plus grande flexibilité de production face au prix.

Courbe de l'offre - prix et quantité

Ces deux forces – l’offre et la demande – interagissent en permanence sur les marchés pour déterminer un prix et une quantité d’échange dits “d’équilibre”.

Prix et équilibre : le point de rencontre du marché

Sur un marché dit concurrentiel, c’est-à-dire composé d’un grand nombre d’acheteurs et de vendeurs, aucun agent n’a à lui seul le pouvoir d’imposer un prix. Tous sont dits preneurs de prix : ils s’adaptent au prix du marché sans pouvoir l’influencer directement.

Dans ce contexte, le prix se forme naturellement par la confrontation entre l’offre et la demande. Le marché cherche en permanence un point d’équilibre, c’est-à-dire un prix pour lequel la quantité que les producteurs souhaitent vendre est exactement égale à la quantité que les consommateurs souhaitent acheter.

Ce mécanisme repose sur des ajustements continus :

  • Si le prix augmente :

    • L’offre progresse : les producteurs sont incités à produire davantage.

    • La demande diminue : les acheteurs sont moins enclins à consommer.

  • Si le prix baisse :

    • L’offre diminue : produire devient moins rentable.

    • La demande augmente : les consommateurs profitent de la baisse pour acheter plus.

Graphiquement, l’équilibre est représenté par l’intersection des courbes d’offre et de demande. À ce point précis, aucun déséquilibre ne subsiste : il n’y a ni excédent (offre supérieure à la demande), ni pénurie (demande supérieure à l’offre).

Un prix supérieur à l’équilibre entraîne un excès d’offre : certains vendeurs ne trouvent pas preneur. Un prix inférieur crée un excès de demande : certains acheteurs restent insatisfaits. Dans les deux cas, les forces du marché poussent le prix à revenir vers le point d’équilibre.

Enfin, si le nombre d’acheteurs ou de vendeurs évolue (à la hausse ou à la baisse), les courbes de demande ou d’offre se déplacent, modifiant ainsi le point d’équilibre. Ce déplacement reflète une nouvelle configuration du marché.

Courbe de l'offre et de la demande - large

Ce qui fait varier l’offre ou la demande

Les courbes d’offre et de demande peuvent évoluer dans le temps sous l’effet de différents facteurs. Il faut bien distinguer deux types de mouvements :

  • Un déplacement sur une courbe (le long de la courbe) est provoqué par une variation du prix du bien lui-même.

  • Un déplacement de la courbe (vers la gauche ou vers la droite) résulte d’un changement dans un autre facteur que le prix – on dit alors que la fonction d’offre ou de demande a changé.

Côté demande : pourquoi la demande peut changer

Plusieurs éléments peuvent influencer la demande, indépendamment du prix :

  • Le revenu des consommateurs : si le pouvoir d’achat augmente, les ménages peuvent consommer davantage, ce qui accroît la demande globale.

  • Les préférences ou les modes : les tendances culturelles, les innovations ou les effets de mode peuvent faire exploser la demande pour certains biens (ex : engouement pour les trottinettes électriques).

  • Les anticipations de prix futurs : si les consommateurs pensent que les prix vont monter bientôt, ils peuvent se précipiter pour acheter, ce qui augmente la demande à court terme.

  • Le prix des biens substituts ou complémentaires : si le prix d’un bien substitut (ex : thé vs café) augmente, la demande pour le bien initial peut croître. Ou encore si le prix d’un bien complémentaire (ex : essence pour une voiture) augmente, la demande pour le bien associé peut chuter.

Courbe de la demande - mouvement

Côté offre : pourquoi l’offre peut varier

De même, plusieurs éléments peuvent influencer l’offre, indépendamment du prix :

  • Les coûts de production : une hausse du coût des matières premières ou des salaires réduit la rentabilité, ce qui freine l’offre.

  • Le progrès technologique : l’innovation permet souvent de produire plus efficacement, donc d’augmenter l’offre.

  • La fiscalité : une augmentation des taxes pèse sur les marges et peut dissuader la production ; à l’inverse, une subvention stimule l’offre.

  • Le nombre de producteurs : l’entrée de nouveaux acteurs sur un marché augmente mécaniquement l’offre globale.

Courbe de l'offre - mouvement

Ces ajustements influencent le point d’équilibre du marché. Chaque variation – qu’elle vienne de l’offre ou de la demande – modifie ainsi le prix et la quantité échangée.

Chocs, limites… et au-delà

Dans la réalité économique, les marchés ne sont pas toujours aussi stables qu’un simple graphique ne le laisse entendre. Il arrive fréquemment que l’offre ou la demande évolue brutalement, provoquant ce qu’on appelle un choc économique.

  • Un choc de demande positif survient lorsqu’un événement extérieur stimule fortement la demande. Par exemple, une prime à la casse peut inciter massivement les ménages à acheter une voiture neuve. Résultat : les prix augmentent, tout comme la quantité échangée.

  • Un choc d’offre négatif, à l’inverse, correspond à une hausse soudaine des coûts de production, comme lors d’une flambée des prix de l’énergie ou d’une pénurie de matières premières. L’offre se contracte, les prix grimpent, et la quantité disponible diminue.

Ces déséquilibres ponctuels sont fréquents dans l’économie réelle, et permettent de mieux comprendre certains épisodes d’inflation, de pénurie ou encore de récession sectorielle.

Mais ces phénomènes révèlent aussi les limites du modèle classique de l’offre et de la demande qui repose sur plusieurs hypothèses idéalisées :

  • Une concurrence parfaite, avec une infinité de petits agents qui n’ont aucun pouvoir de marché. Dans la réalité, de nombreuses situations de monopole ou d’oligopole existent.

  • Une rationalité totale des agents, qui agiraient toujours selon leur intérêt bien compris. Mais dans les faits, les décisions économiques sont souvent influencées par des biais cognitifs, des effets de foule ou des paniques (comme en période de crise).

  • Une absence d’intervention publique, alors que l’État intervient régulièrement en fixant des prix (plancher ou plafond), en subventionnant certaines productions ou en réglementant les marchés.

Enfin, la loi de l’offre et de la demande telle qu’on l’utilise ici ne considère qu’un équilibre partiel, limité à un marché isolé. En pratique, tous les marchés sont liés les uns aux autres – le marché de l’énergie influence celui du transport, qui influence à son tour la consommation. Ces interactions multiples relèvent de l’équilibre général, une modélisation plus complexe de l’économie dans son ensemble.

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