Économie
Budget de l’État : recettes, dépenses et enjeux économiques
12 août 2025

Chaque année, l’État français adopte un budget qui fixe ses recettes et ses dépenses. Derrière ces chiffres se cachent des choix politiques, économiques… et des signaux importants pour l’investisseur averti.
Comprendre sa structure et ses tendances permet de mieux anticiper les évolutions économiques et fiscales qui peuvent influencer les marchés.
Qu’est-ce que le budget de l’État ?
Le budget de l’État prend la forme d’un projet de loi de finances, présenté en fin d’année pour l’exercice suivant, et pouvant être révisé en cours d’exécution.
Comme pour un ménage ou une entreprise, il se compose de recettes et de dépenses. Ici, il concerne les administrations publiques centrales, c’est-à-dire l’État et son administration centrale au sens strict.
Particularité : l’État fonctionne en situation de déficit budgétaire quasi permanent. Autrement dit, ses recettes ne suffisent pas à couvrir toutes ses dépenses. La différence est comblée par l’emprunt, sur les marchés domestiques ou internationaux, ce qui contribue à l’accumulation de la dette publique.
Les recettes de l’État
Les recettes fiscales représentent près de 95 % des ressources de l’État. Elles se répartissent en trois grandes catégories :
Impôts sur la consommation : avec en tête la TVA, principale source de revenus.
Prélèvements sur les revenus : impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, bénéfices industriels et commerciaux…
Impôts sur la propriété et le capital : taxe foncière, impôt sur les plus-values, impôt sur la fortune immobilière, droits de mutation.
À côté, on trouve des recettes non fiscales, plus marginales : dividendes d’entreprises publiques, produits domaniaux, amendes…
Les dépenses de l’État
Les dépenses couvrent un large spectre de politiques publiques :
Fonctionnement et personnel des administrations.
Budgets ministériels : éducation, recherche, défense, justice, sécurité intérieure.
Politiques sociales et paiement des intérêts de la dette publique.
Ces dépenses peuvent être ventilées par nature (fonctionnement, investissement, transferts) ou par ministère. Mais l’essentiel à retenir est que leur volume dépasse régulièrement celui des recettes, alimentant le déficit.
Vue d’ensemble du budget général de l’Etat

Un déficit structurel et une dette en hausse
Lorsque les dépenses excèdent les recettes, l’État doit emprunter pour combler l’écart. Année après année, ces déficits qui s’additionnent forment la dette publique.
Cette dynamique n’est pas propre à l’État central : les administrations publiques locales et les administrations de sécurité sociale y contribuent également.
Evolution du solde des finances publiques (en % du PIB)

Les autres composantes des administrations publiques
Le budget de l’État n’est qu’une partie de l’ensemble des administrations publiques (APU) :
Administrations publiques centrales (APUC) : l’État et les organismes sous son autorité directe.
Administrations publiques locales (APUL) : communes, départements, régions et leurs établissements publics, financés par l’impôt local, diverses taxes et cotisations sociales, avec possibilité d’emprunt.
Administrations de sécurité sociale (ASSO) : régimes d’assurance sociale (régime général, régimes spéciaux, caisses de retraite, assurance chômage).
Un équilibre budgétaire rarement atteint
Le fameux critère de Maastricht impose un déficit public annuel inférieur à 3 % du PIB. En pratique, ce seuil a été rarement respecté depuis l’entrée de la France dans la zone euro en 2000.
Les dépenses publiques augmentent continuellement, et même la hausse des prélèvements obligatoires ne suffit pas à rétablir l’équilibre. En conséquence, la dette publique continue de croître.

Evolution de la part des prélèvements obligatoires (en % du PIB)
(Hors cotisations sociales imputées et crédit d'impôt)

Pourquoi c’est important pour l’investisseur
Pour un investisseur, suivre l’évolution du budget de l’État n’est pas un exercice théorique.
Un déficit élevé et persistant peut :
Influencer les taux d’intérêt via les besoins de financement de l’État.
Affecter la fiscalité future (impôts sur les revenus, sur les sociétés, taxes sur le capital).
Impacter la croissance économique selon les choix de dépenses ou d’austérité.
La politique budgétaire est l’un des leviers principaux des cycles économiques. Tout comme la politique monétaire, qui agit via les taux d’intérêt et l’offre de monnaie :
Une politique keynésienne de relance, axée sur l’augmentation des dépenses publiques, stimule la demande à court terme.
Un budget qui se creuse trop entraîne souvent, tôt ou tard, une hausse de la fiscalité, ce qui peut freiner l’offre, la consommation et la croissance.
Enfin, l’emprunt public influence directement la courbe des taux : des besoins de financement accrus peuvent renchérir le coût des emprunts à long terme — un sujet que nous approfondirons dans un prochain article.
© 2025 Finance Éclair – Informations à but éducatif uniquement. Pas de conseil personnalisé. Risque de perte en capital.